mardi 23 avril 2013

REPORTAGE


REPORTAGE : LA PORTE DU TROISIEME MILLENAIRE

Grandeur et décadence d’un monument touristique

On est bien loin du temps où le cœur touristique et culturel de la capitale sénégalaise battait à la Porte du troisième millénaire. Aujourd’hui, ce monument dépérit et est dans un piteux état.

 

Toute personne qui se rend à la Porte du troisième millénaire doit observer un certain nombre de mesures de sécurité routières. Pour cause, on y accède en traversant le mini-pont au dessus du tunnel. Le carrefour qui sépare  les deux voies de la corniche ouest oblige  les véhicules en partance  pour le centre- ville ou pour la Médina de marquer une pause. Cependant, il  ne présente pas toutes les garanties de sécurité routière. Gare au piéton qui ne regarderait pas à gauche et à droite avant de traverser.  Il arrive que certains piétons se fassent renverser par un automobiliste qui  roule à vive allure.

Une fois  ce mini-pont traversé, on est  à la Porte du troisième millénaire.L’endroit  se situe en bordure de l’océan. Il  fait face à la mosquée omarienne, à la nouvelle maison de la presse et aux bâtiments annexes de la Direction de la Sécurité publique, ex-Cité police  sise à la Médina.De la porte du troisième millénaire, on a une vue splendide  les étages du Plateau qui contrastent avec les maisons délabrées et hideuses de la Médina et  de Rebeuss. Il était un  peu plus de midi. Le soleil  était au zénith et tardait ses rayons solaires, malgré le vent assez fort qui souffle. De loin on entend le bruit des vagues qui s’abattent sur les rochers derrière cette arche géant qui surplombe les deux autres  portes dont l’une et est plus grande que l’autre.  On peut lire sur la plus petite porte un graffiti avec la mention : « libérez Béthio ».

La Place du millénaire comme elle se présente aujourd’hui n’a rien voir avec ce qu’elle était, il y a juste onze ans, c'est-à-dire lors de son inauguration en grande pompe par l’ancien chef de l’Etat, Abdoulaye Wade et en présence du roi du Maroc, Mouhamed VI.  Depuis lors beaucoup a d’eau a coulé sous les ponts. La Porte du millénaire a dépérit. Elle a une face hideuse. Les installations électriques sont parties en lambeaux ou mangés par la rouille. C’est le cas, par exemple, de ce cadre métallique qui servait à abriter un écran géant de télévision qui menace de tomber sous le coup de boutoir du vent. Mais, ce qui  frappe  le plus, le visiteur,  c’est  la saleté  qui s’amoncelle  par endroit et  qui fait que la Porte du troisième millénaire est devenue un dépotoir d’ordures qui rappelle à bien des égards un Mbeubeuss bis.

 Les  Sachets en plastiques,  les tasses de café,  les coques d’arachide et gravats  forment le gros lot. Certains pots  de fleurs  sont renversés, d’autres cassés. A les voir, on sent que cela fait longtemps qu’ils n’ont plus de fleurs.  Sous le monument lui-même, l’eau  symbole de  purification, l’eau ne coule plus. On peut même voir des chiens errer sur les lieux. Ce qui était inimaginable, il y a quelques années.  Et pour compléter ce tableau hideux, des arbustes sauvages  ont fini par occuper les lieux.  Une situation que déplorent les photographes qui exercent sur les lieux. C’est le cas de Cheikh Diallo, un homme mince et grand de taille, son appareil photo en bandoulière. « La porte du millénaire n’est pas entretenue comme avant. Actuellement, elle est à l’abandon. On  ne sait pas entre la mairie de Dakar et le gouvernement qui doit s’occuper de l’entretien  du monument », déplore-t-il. 

Pour ce photographe qui exerce sur les lieux depuis 2003, les changements ont été nombreux. Il a vu beaucoup de ses collègues photographes migrer vers d’autres cieux plus cléments, depuis que les touristes étrangers et les promeneurs se sont réduits comme peau de chagrin. « Nous étions une dizaine de photographes qui exercions ici. Avec la construction du tunnel l’accès est devenu difficile. Les photographes ne gagnent plus d’argent comme par le passé. C’est pourquoi, beaucoup sont partis. Et, il ne reste plus que quatre », souligne-t-il.De dix mille francs de recette journalière, il contente maintenant de la moitié, parfois moins.

La porte du troisième millénaire qui était prévue comme son nom l’indique faire entrer l’Afrique dans le troisième millénaire n’est que l’ombre d’elle-même. Depuis que les touristes et les promeneurs  ont déserté cet endroit, il est devenu un repère de bandits, d’enfants fugueurs, voire un haut lieu de la prostitution au nez et à la barbe de la police dont les locaux se trouvent en face. « La Porte du millénaire n’est plus sécurisée. Les agressions sont devenues monnaie courantes. C’est pourquoi, les gens ne viennent que la journée et rentrent avant dix-huit heures », Moustapha Lo, un vendeur de café Touba qui exerce sur les lieux. Toutefois, il fait remarquer que  de temps  en temps  des policiers en civil rodent sur les parages pour dissuader  les malfaiteurs.

 Mamadou SARR

 

 

 

 

 

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